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Les coopératives colombiennes en état d’alerte

Au cours de ces dernières semaines les coopératives colombiennes ont été confrontées à plusieurs attaques des instances officielles. Si l’article 69 du Plan national de développement (PND) qui ouvrait la porte à la possibilité de transformer les coopératives de santé en entreprises privées à but lucratif a finalement été retiré le 6 mai, peu de jours plus tard le gouvernement rallumait le feu. Il annonçait la prorogation de son intervention dans SaludCoop – une coopérative détenue par 23 entités coopératives du secteur solidaire dans laquelle le gouvernement colombien est intervenu il y a quatre ans – en spécifiant comme condition pour régler la situation « de ne pas restituer la propriété à ses anciens propriétaires ». Cela signifierait un processus d’expropriation qui doit être précédé d’une décision judiciaire qui n’existe pas.

20 mai 2015

Bien que l’article en question se rapportât spécifiquement au cas de SaludCoop et ait été supprimé, les sénateurs ont convenu qu’il ouvrait la porte à ce « qu’il puisse être étendu plus tard à d’autres coopératives de santé et même à des coopératives d’autres secteurs ». Le Sénateur Jorge Enrique Robledo, du Pôle démocratique alternatif, a déclaré en séance plénière que l’article 69 du Plan « ouvrait la possibilité de transformer toutes les coopératives de santé en entreprises privées conventionnelles ». Le Sénateur Alvaro Uribe, un leader du Centre démocratique a exigé que les excédents des coopératives « restent dans les coopératives ».

Le mouvement coopératisme colombien a recueilli en quelques jours 6800 signatures pour exprimer son rejet de cet article du plan national de développement. CICOPA a appuyé cette pétition et a envoyé une lettre au gouvernement colombien. « Une telle disposition est une atteinte à la nature même de la coopérative et constitue un précédent négatif pour le secteur coopératif colombien puisqu’en plus de mettre ainsi en péril la propriété de celles qui existent déjà elle découragerait la création d’entreprises de propriété et de patrimoine social, collectif et solidaire puisqu’elles pourraient à l’avenir être converties en entreprises commerciales à but lucratif », a déclaré Manuel Mariscal, le Président de CICOPA.

Compte tenu de l’engagement du gouvernement colombien de parvenir à la paix et de travailler pour l’équité, CICOPA a également demandé de considérer dans le Plan national de développement la promotion des coopératives de production dans les secteurs ruraux et urbains qui ne figure pas dans le projet de loi cité ci-dessus.

Tout n’est pas gagné

Le 15 mai, après avoir prolongé son intervention pour huit mois, le gouvernement a annoncé que la situation de Saludcoop serait résolue dans ce laps de temps avec comme condition « de ne pas restituer la propriété à ses anciens propriétaires ». Cela signifierait un processus d’expropriation qui doit être précédé d’un jugement qui n’existe pas.

Devant cette annonce, l’Association colombienne des coopératives – ASCOOP – a envoyé au Ministre de la Santé et de la Protection sociale un courrier pour lui demander de recevoir des délégués de la corporation qui lui expliqueraient la proposition du secteur coopératif qui projette de restructurer la coopérative et le retour à la normale en respectant à la fois les lois qui régissent le système de santé en Colombie ainsi que le mandat constitutionnel de promotion, de protection et de renforcement des formes associatives et solidaires de la propriété, « pour garantir la prestation des services pour sept millions de membres en qualité et en durabilité ».

La communication a également exprimé la profonde préoccupation du mouvement suite aux affirmations du Surintendant national de la Santé, Julio Muñoz Norman, qui ignorent « les principes de base du modèle coopératif et ne sont pas conformes aux faits et aux documents officiels relatifs à la situation actuelle de la coopérative ».